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Libye : les chausse-trappes d’un accord pour instituer un gouvernement d’union nationale

Libye : les chausse-trappes d’un accord pour instituer un gouvernement d’union nationale

 

L'envoyé spécial de l'ONU en Libye Martin Kobler et le général Khalifa Haftar, commandant des forces armées loyales au gouvernement reconnu par la communauté internationale, à Al-Marj, le 16 décembre 2015. 

 

Libye : les chausse-trappes d’un accord pour instituer un gouvernement d’union nationale

 

Un règlement de la crise libyenne ? Si le scénario des Nations unies (ONU) est respecté, un accord politique devrait être signé jeudi 17 décembre à Skhirat (Maroc) entre certains représentants des factions antagonistes qui ont plongé la Libye dans le chaos depuis seize mois. Parrainé par l’envoyé spécial de l’ONU pour la Libye, Martin Kobler, cet accord est destiné à jeter les bases d’un gouvernement d’union nationale dont la mission première sera de stabiliser un pays où l’organisation Etat islamique (EI) s’enracine.

L’accord attendu à Skhirat risque toutefois de compliquer plus que d’éclaircir l’imbroglio libyen, tant la fragmentation des forces politico-militaires en Libye ne permet pas d’être raisonnablement optimiste.
Trois concepts s’imposent pour tenter de saisir l’enjeu de cet accord qui risque fort de s’avérer partiel et donc fragile : la fragmentation, le ressentiment anti-Nations unies, l’implantation de l’Etat islamique (EI).


Libye : les chausse-trappes d’un accord pour instituer un gouvernement d’union nationale


  • Deux camps politico-militaires rivaux

L'envoyé spécial de l'ONU en Libye Martin Kobler et le général Khalifa Haftar, commandant des forces armées loyales au gouvernement reconnu par la communauté internationale, à Al-Marj, le 16 décembre 2015.
Trois ans après la chute du régime de Mouammar Kadhafi, une guerre civile a éclaté en Libye entre deux camps politico-militaires rivaux. D’un côté, le Parlement élu en juin 2014 lors d’un scrutin reconnu par la communauté internationale. Dominé par une coalition de libéraux et de nationalistes auxquels se sont ralliés d’ex-cadres du régime de Mouammar Kadhafi – tous soudés par une hostilité commune aux islamistes –, cette assemblée a dû se replier à Tobrouk, dans l’est du pays.
En face s’est dressée une assemblée rivale, le Congrès général national (CGN), siégeant à Tripoli (ouest) et contrôlée par le camp islamiste allié à la ville marchande de Misrata autour d’une coalition baptisée Fajr Libya (Aube de la Libye).
A cette fracture principale sont venus se greffer toute une série de conflits locaux opposant des identités infranationales en plein réveil, notamment dans le Sud (Fezzan) déchiré par une meurtrière guerre entre les Toubous d’un côté, et les Touaregs et les Ouled-Slimane de l’autre.
  • Dans chaque camp, des divisions au sujet du processus de paix de l’ONU

Afin de résorber la crise entre les deux camps rivaux de Tripoli et de Tobrouk qui, au-delà de son coût humanitaire, sapait la manne pétrolière du pays, les Nations unies ont initié un processus de paix.
L’envoyé spécial de l’ONU de l’époque, le diplomate Bernardino Leon, a fait la navette entre les deux camps durant de longs mois. Sa médiation a débouché, en octobre, sur une proposition d’accord politique visant à un partage du pouvoir au sein d’un gouvernement d’union nationale.
Mais, alors que l’heure de la signature approchait, chaque Parlement s’est divisé entre adversaires et partisans de l’accord, et au sein de ces derniers entre tenants d’une signature immédiate et ceux qui réclamaient des retouches. Des dissensions intestines qui ont aggravé la fragmentation globale originelle.
  • Les bases d’un accord sur un gouvernement d’union nationale apparaissent fragiles
Dans ce contexte, la représentativité des délégués des deux camps, qui ont fait le déplacement jeudi de Skhirat est loin d’être claire. Ce qui est sûr, c’est qu’ils ne sont pas détenteurs d’un mandat formel délivré par leur présidence respective.
La raison en est simple : les deux présidents des Parlements de Tobrouk et de Tripoli sont hostiles à cette réunion de Skhirat. Ils ont désavoué par avance toute personne se réclamant de leur propre assemblée.
Nouri Abou Sahmain, le président du CGN, et Aguila Salah Issa, le président du Parlement de Tobrouk, sont opposés au règlement politique sous supervision onusienne qui ne leur promet guère d’avenir politique personnel. Aussi ont-ils bloqué tout vote au sein de leur assemblée respective, empêchant les partisans d’un accord de se compter.

Libye : les chausse-trappes d’un accord pour instituer un gouvernement d’union nationale



Ignorant ces blocages, les Nations unies ont continué d’explorer une solution politique, en particulier en nommant une ébauche de gouvernement d’union nationale dont la direction a été confiée à une personnalité peu connue, Fayez Sarraj.